Le poisson-scie désigne en réalité plusieurs espèces de poissons de la famille des Pristidaes. Leur principale caractéristique physique est le prolongement osseux de leur museau, que l’on nomme rostre (comme chez les dauphins). Celui ci peut atteindre 2 mètres de long. Il est garnit de rangées de dents disposées de chaque côté. Ces poissons apparentés aux raies peuvent mesurer jusqu’à 7 mètres pour certaines espèces.

​

Une étude publiée en juin 2015, dans la revue Current Biology, tend à montrer qu’une des espèces de poissons-scies, au bord de l’extinction, a adopté un comportement qui n’avait jamais été observé chez les vertébrés jusqu'à maintenant. Leur population ayant fortement diminuée, ces animaux ont de plus en plus de mal à former des couples pour se reproduire. Dans ces conditions extrêmes pour la survie de l'espèce, les femelles ont commencé à se reproduire par parthénogenèse. C’est à dire qu’elles donnent naissance à des petits viables, sans s’être accouplées avec des mâles auparavant.

 

Beaucoup plus répandus auparavant, les poissons-scies étaient l’objets de multiples interprétations de la part des premiers naturalistes. À cause de sa morphologie particulière, on lui prêtait souvent un dessein macabre.  Pline l'Ancien (23-79) le voyait comme un monstre gigantesque, mesurant 90 mètres de long et crachant de l’eau lorsqu’il remontait à la surface, à la manière des baleines.

Certains récits de pêcheurs du golfe du Saint-Laurent, au Canada, disaient que “l’arme” du poisson était située sur son dos, ce qui lui permettait de scier les embarcations en passant dessous.

Le naturaliste B.-G. Lacépède (1756-1825) lui attribue même des attaques de baleines : 

 

“La Scie ose même se mesurer à la baleine franche ; et, ce qui prouve quel pouvoir lui donne sa longue et dure épée, son audace va jusqu’à une sorte de haine implacable … Le squale, réunissant l’agilité à la force, bondit, s’élance au dessus de l’eau et retombant sur le cétacé, lui enfonce dans le dos sa lame dentelée … Souvent, les dents de la lame du squale pénétrant très en avant dans son corps, la baleine perd la vie [...]”

 

Un tel comportement est fort peu probable quand on sait aujourd’hui que les poissons-scies vivent sur les fonds se nourrissant de petits poissons, de coquillages et d’autres invertébrés. Qui plus est malgré son apparence le poisson-scie est parfaitement inoffensif.