Chelidonium majus - également appelée Grande Chélidoine, Grande-éclaire, Herbe-aux-boucs, Herbe-de-sorcières, Herbe-aux-hirondelles ou encore Herbe-aux-verrues - est une plante commune, que l’on trouve dans toute l’Europe, à l’exception du nord. Elle pousse le long des chemins, à l’orée des bois, ou dans les décombres, dans les sols calcaires et frais.
Sa particularité est de sécréter un latex de couleur jaune vif, lorsqu’on en casse les tiges, feuilles ou racines. Ce suc contient des alcaloïdes toxiques dont certains possèdent des propriétés corrosives. Autrefois, on appliquait cette sève sur les verrues et cors car on lui attribuait pour vertu de les faire disparaître, d’où le nom populaire d’Herbe-aux-verrues.
En grec, Chelidon signifie l’hirondelle. On ne sait dire si le nom de cette papaveracée (famille du pavot et des coquelicots) viendrait de la coïncidence de sa floraison printanière avec l’arrivée des hirondelles, ou de la naissance de leurs petits. Selon les croyances populaires, ces oiseaux connaissaient les propriétés corrosives de la Chélidoine et en tiraient bénéfice. Les hirondelles en prélevaient de petits fragments et en appliquaient le suc jaune sur les yeux, encore clos, de leurs oisillons pour les aider à les ouvrir.
Ainsi on la surnomme la Grande-éclaire, et devient un symbole : la plante qui éclaire la vue. Ses feuilles ornent notamment les chapiteaux des colonnes romanes où elles sont souvent confondues avec les feuilles d'acanthes des colonnes corinthiennes.
D’autres croyances, toutes aussi incroyables, confèrent à la Chélidoine une dimension symbolique très forte. Au Moyen-Âge, on pensait que son nom venait de cœli donum, “don du ciel” en latin. Dès lors, on ne pouvait qu’ attribuer un dessein extraordinaire à cette plante. Les alchimistes voyaient en son latex jaune, de la couleur du soleil, une substance aux propriétés magiques exceptionnelles. En effet elle possèderait une des facultés ultimes de la Pierre Philosophale, celle de pouvoir transformer les métaux en Or.